Sortie Mémorable
_____________
Objectif la tête de sanguinière, sommet qui culmine à 2848m (ça aura son importance)
en boucle sud/nord.
Lundi soir, récupérage d'un kit arva/pelle/sonde + crampon pour Bob et surtout
récupérage du Bob en personne chez sa soeur. On monte chez son père qui nous a fait
une salade et des pates avec une sauce sicilienne à tomber le cul par terre le tout
arrosé d'une petite bouteille de blanc qu'on s'est bu à 2 et demi car si Bob commence à
apprécier le rouge, il n'en demeure pas moins un amateur, à moins qu'il n'ait angoissé
sur la journée du lemdemain.
Lever 4h avec un petit dej pret de la veille pour un départ à 4h30, un oubli de pile d'arva
plus tard on décolle vraiment à 4h45. Au final c'est le timing qu'il nous faut pour arriver à
saint dalmas juste avant le lever du jour. On chausse avec les lueurs de l'aube.
Une bonne piste par endroits dégarnie nous conduit progressivement en altitude où la
neige commence à etre là de manière plus conséquente, mais il n'y a pas encore de
quoi noyer un ours polaire. On se partage la trace, Bob fait le canard et plus il est
fatigué, plus il fait le canard, je rectifie derrière histoire d'avoir deux rails bien paralleles,
c'est quand même plus joli. On traverse des zones légèrement boisées, remonte une
belle croupe pour finir dans une sorte de cirque avec un col en face, un à droite et un à
gauche. Petit pointage carte, il y en avait eu d'autres avant, mais celui là est determinant.
Putain que la pente à gauche a l'air belle, le col en face est trop raide et ça n'a pas du
tout la geule que ça devrait avoir, putain que la pente à gauche à l'air belle. à droite, ça a
l'air vraiment facile, putain que la pente à gauche à l'air belle. on va donc à gauche. Et la
carte elle disait quoi ??
Nous voilà donc arrivés au col, on déchausse, on met les crampons et c'est parti pour
une arète facile mais assez longue, avec une sortie sur le sommet qu'on peut deja
qualifier d'alpine. calage de l'alti, à quelques metres près et ne l'ayant pas recaler
depuis le matin, tout est normal. je recale donc à 2848. On est heureux, on vient de se
faire nos 1400m, on pense au gros et à tous ceux qui attendent la fin de saison pour
faire ces deniv. Bob est pret mentalement pour faire de l'alpinisme tranquille en
neige/mixte pour commencer. Retour aux skis, coup d'oeil à la carte, descendre une
grande combe pour rejoindre une zone boisée légèrement sur la droite. tout ça est là
sous nos yeux dans une neige qui s'annonce pas mal. c'est parti, tout commence bien,
tellement bien que je me sens de lacher des virages plus serrés, un, deux, trois et
boum (ça fait une et il y en aura trois). Bob de son cote descend en salopant tout,
surtout mes semblants de trace. On voit une cabanne dans le fond du vallon, c'est
surement le refuge de sestrières. arrivés dans le vallon, un truc m'inquiète, ça devrait
descendre à droite et ça a plutot l'air de monter. on trouve une balise qui nous permet
de faire le point et de nous retrouver. l'alti indique la cote exacte, on était donc bien sur la
tete de sanguinière, comment avons nous fait pour nous retrouver dans le vallon de
sanguinière au dessus d'estenc ??? pour l'instant on ne comprend rien si ce n'est
qu'on est pas dans la bonne vallée et que la voiture est de l'autre coté.
J'insiste pour aller jusqu'au refuge, je veux voir, je ne veux pas croire ce que la carte
nous indique. le couperet tombe on est bien aux cabanes de sanguinière au dessus
d'Estenc.
il est un peu moins de 13h, on refait le plein d'eau car les ruisseaux coulent comme au
printemps et qu'on est un peu à sec, surtout Bob, on fait les comptes de ce qui nous
reste niveau bouffe (3barres, 1 powerbar et 1 tube de gel, avec ça on tient 2 jours sans
problèmes !!!) Que faire, descendre sur estenc directement, tenter de regagner la
voiture par nos propres moyens quitte à s'en remettre une bonne alors qu'on est deja
bien entamé, l'un comme l'autre. On choisit la deuxième option, en repérant un col tracé
"ski alpinisme, les petits points bleus" sur la carte et qui nous fasse remoner le moins
possible, cette fois on sort la boussole. le vallon que nous avons à remonter est
identifié, j'en suis certain, mais ça va être un terrain à la con plein de vallonnement. Je
commence par faire la trace dans de la neige fraiche mais vraiment collante, tout ce
qu'il y a de plus désagréable et fatiguant. 250m de gagnés, je laisse Bob reprendre la
suite, j'en peux plus, j'ai l'impression qu'on n'avance pas, que je n'avance pas. S'il n'y
avait pas eu quelqu'un devant, je crois que je rentrais, j'en avais marre, les cuisses
commençaient à chauffer voire à cramper, mais bon Bob continuait de faire le canard,
moi je ne rectifiais plus rien mais je suivais. Arrivé en vue du col, petite pause powerbar,
histoire d'essayer de reprendre du jus et de calmer le moteur qui etait dans le rouge
depuis un moment. c'etait toujours pas la grande forme, Bob était toujours devant,
j'etais rassuré sur les conditions de la pente sous le col, il y a tellement peu de neige
que la pente est parsemée d'un tas de gros bloc qui sont prêts à retenir n'importe
quelle coulée de neige humide, car ça fait un moment qu'elle prend le soleil cette pente.
l'avantage, c'est que l'autre versant est à l'ombre et a donc pu redurcir un peu, c'est bon.
le moral revient. une autre petite pause juste sous le col, cette fois c'est le gel qui
rammasse. je reprends la trace et voilà que des ailes me poussent, convertions bien
raides, sur convertions bien raides. Arrivé au col, je profite de l'attente de Bob, qui en tire
la langue, chacun son tour après tout, y' pas de raison, pour jeter un oeil sur l'autre
versant. OUAOU, c'est pas terrible du tout. deux petits ressauts d'1,5m chacun avec
entre les deux des pentes assez raides et surtout en dessous une belle barre rocheuse
qui ne demande qu'à projeter en l'air le malheureux qui se louperait. Bob arrive, je lui fait
part de mes constatations, qu'il s'empresse de verifier.
La decision est prise en deux secondes, on rentre sur estenc. On vient de se faire 500m
de deniv en plus juste pour le fun. Faut d'abord commencer par descendre le col où il y
a tant de gros blocs et Bob n'est pas vraiment partant pour faire ça à skis. je lui explique
que ce sera moins penible que de brasser dans un metre de neige pourrie en en ayant
jusqu'aux couilles à condition de faire des convertions à la descente. c'est parti, ça le
fait bien, y'aura pas de gadin. Nous voilà donc reparti direction estenc. Bob n'avance pas
quand c'est plat, il a un problème de fart, c'est la galère pour lui. On se laisse
descendre jusqu'à la cantonnière avec, ne l'oublions pas, histoire que ce soit vraiment
complet, un petit portage sur la fin, il en fallait bien un pour Bob.
On se retrouve au chaud chez gilles en attendant que ma mère vienne nous chercher.
Petit sechage de chaussettes, déshabillage de lunettes et autre bonnet pour me rendre
compte que je n'étais pas sorti avec Bob le Russe mais avec Bob le Rouge. il est
cramé, y'a pas d'autres termes. moi aussi mais ça n'a rien à voir.
On prend le temps de se reposer et de s'étirer un peu. puis j'insiste pour qu'on regarde
la carte histoire de comprendre. On a (j'ai) fait une erreur d'orientation de la carte sous
le col. On pourrait appeler ça l'appel de la pente ou je ne sais quoi d'autre. et après,
comme souvent on voit ce qu'on veut voir et on oublie des details qui nous auraient
averti immédiatemment. On était persuadé d'être sur la cime de sanguinière, non on
était sur celle de sanguinairette qui a la meme altitude mais qui est constituée d'une
longue arète mixte avec des à pics au sud. sanguinière est plus débonnaire et le
sommet se fait à ski, l'orientation du vallon dans lequel on est descendu ne
correpondait pas à ce que nous aurions du avoir, la foret devait etre plus dense. une
fois l'erreur vue, on aurait pu remonter par l'itinéraire que l'on venait de descendre ou
choisir un autre col, moins alpin.
Il est 23h30 quand je pose Bob le Rouge chez sa soeur, car c'est moi qui ai conduit à la
descente pendant que monsieur dormait.